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qui nous conduit à terre, on découvre tout le petit village, précédé d’un grand torii de bois brut dont le pied est baigné par les flots. Le sanctuaire en est séparé par une forêt de piliers en pierre où sont gravés les noms des généreux donateurs dont les offrandes ont permis d’entretenir dignement les splendeurs de la sainte demeure. Les Japonais, on le sait, sont peu croyants ; la tradition, plus que la foi, les attache aux cultes antiques. Aussi les temples les plus vénérés sont ceux dont le nom se trouve associé à celui d’un célèbre guerrier d’autrefois. La faveur que Hideyochi, le Napoléon japonais, marqua il y a quatre siècles au temple de Miyajima, en fait aujourd’hui comme une relique nationale. Tous les patriotes de l’empire tiennent à honneur de contribuer à sa prospérité, et j’ai vu, non sans étonnement, un énorme poteau couvert d’inscriptions attestant la générosité de la colonie japonaise des îles Sandwich.

Les passagers se dispersent sur la plage ; seul un groupe est resté intact : c’est celui des attachés navals qu’un des jeunes pairs a conviés à une fête japonaise organisée dans un petit hôtel perché au bord d’un ruisseau. Après le bain traditionnel, chaque invité reçoit un kimono en toile bleue et s’accroupit, à la mode du pays, sur les nattes épaisses qui forment le plancher. Première difficulté : les longues jambes