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gorgeant dans son kimono noir, n’a de procèdent dans aucun autre pays du monde. Il s’explique par l’infatigable activité dont a fait preuve notre président, le comte Sano, et l’appui qu’il a trouvé de la part du gouvernement et de la famille impériale, toujours prêts à favoriser les œuvres d’humanité et de charité.

En écoutant parler ainsi mon interlocuteur, je me souviens de ce que m’ont dit sur le même sujet des Européens qui habitent le pays depuis longtemps.

La prospérité de la Croix-Rouge japonaise a été rapide, il est vrai ; mais la charité et l’humanité n’ont rien à y voir. C’est dans une intention exclusivement politique que la Société a été fondée d’abord, développée ensuite. Dès que les premières réformes eurent donné au Japon l’apparence d’un état de civilisation moderne, l’orgueil des Nippons s’est trouvé froissé des droits que les premiers traités assuraient aux Européens ; ils considéraient comme une honte la présence sur leur sol des tribunaux consulaires ; tous leurs efforts ont tendu à s’en affranchir et à rendre les étrangers comme les indigènes justiciables des cours japonaises. L’établissement d’un Code pénal, calqué sur le nôtre par un jurisconsulte français, M. Boissonnade, fut un premier pas vers ce but ; la fondation de la Croix-Rouge les en rapprocha encore davantage