Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/47

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

occidentales. On l’emploie surtout lorsque des Européens doivent se rencontrer avec des Nippons et il faut avouer que cette innovation présente un progrès incontestable sur les anciens dîners de cérémonie. Indépendamment du goût culinaire très différent des deux races, il y a une autre question fort délicate à trancher. Si l’on dîne à la japonaise, l’obligation de s’accroupir pendant des heures sur des nattes devient un supplice pour nos membres rapidement ankylosés ; il est tout aussi pénible pour un Japonais de s’asseoir à une table, les jambes ballantes du haut de sièges trop élevés. Le garden-party, avec un buffet devant lequel on peut manger debout, offre la meilleure solution du problème ; il donne en outre la possibilité d’une prompte retraite à ceux qui goûtent peu un contact prolongé avec des gens dont le plus souvent ils ne comprennent pas la langue.

Telles sont les causes de la faveur dont les garden-parties ont toujours joui dans l’empire du Soleil-Levant ; Elles ne suffisent pourtant pas à expliquer la folie qui s’empara des Japonais pour ce genre de fêtes il y a environ six ans. On en vit une qui dura cinq jours consécutifs. D’autres se tinrent en plein hiver par la neige ; on alluma des braseros pour réchauffer la gaieté et les membres également gelés des infortunés convives. Des négociants ne possédant pas de jardin ont donné un soi-disant garden-party