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Cependant plusieurs articles indignés ayant paru ces jours-ci dans les feuilles de Yokohama, on a voulu parer le coup en nous faisant inviter par le ministre de la Maison Impériale, M. Tanaka, à un garden-party au palais de Chiba, une des résidences de Sa Majesté Mikadonale.

Le caractère officiel de cette fête m’a valu de ne pas être oublié et j’ai reçu ce matin un beau morceau de carton blanc portant comme en-tête le chrysanthème doré et noirci de caractères indéchiffrables pour moi.

Je me suis trouvé forcé de faire appel aux lumières de mon interprète médaillé du Cambodge avec lequel j’étais resté en termes un peu froids depuis qu’il s’était si bien moqué de moi chez le général Osagaoua, M. Matsounami, c’est le nom du polyglotte s’est plié en deux, et a enlevé son chapeau, sans que j’aie pu savoir si c’était à moi ou à la fleur sacrée que s’adressait le salut mi-européen, mi-japonais. Puis, après avoir aspiré l’air d’un sifflement bref, il m’a annoncé que j’étais convié pour trois heures à Chiba ; la redingote et le chapeau haut de forme sont de rigueur ;


14 avril.

Le garden-party est la forme de réception la plus répandue au Japon depuis l’introduction des mœurs