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de s’arrêter, et attendit deux mois dans l’inaction que les autres armées japonaises se fussent conformées aux plans établis d’avance auxquels les événements enlevaient toute raison d’être.

Quelles que soient les fautes de ses chefs, l’armée japonaise avec ses treize divisions et ses quatre cent cinquante mille hommes n’en représentait pas moins pendant la première année de guerre un engin formidable que les Russes n’ont pu entamer. Il est à craindre pour elle que sa valeur militaire, malgré le patriotisme et l’esprit de sacrifice de la population, ne vienne à diminuer d’une façon constante,

La caractéristique des grandes luttes de l’automne est le manque absolu de sens manœuvrier chez les deux adversaires.

Les armées opposées se sont heurtées de front pendant plusieurs jours, mais aucun mouvement stratégique ou tactique n’est venu donner au vainqueur un avantage décisif ; l’événement napoléonien ne s’est jamais produit. En un mot, la campagne s’est limitée jusqu’à présent à un combat d’usure de gigantesques proportions.

Dans les conditions actuelles, et surtout tant que durera l’hiver, il paraît peu probable que le caractère de la guerre vienne à changer. Dès lors, la question qui se pose naturellement est celle des ressources du recrutement et des possibilités qu’elles offrent aux