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fois au caractère même des Japonais et à la coutume qu’on a prise de tout copier sur les modèles européens, souvent sans essayer de les comprendre. Lorsqu’une éventualité inattendue se présente, les Japonais se trouvent presque toujours dépaysés et se reportent, non aux ressources de leur imagination, mais à des théories et à des règlements souvent mal assimilés ou depuis longtemps oubliés.

Le commandement supérieur est l’élément le plus faible de l’organisation militaire japonaise, précisément parce que c’est celui qui demande le plus de décision et d’initiative. C’est là la cause principale de la lenteur et de l’inaction des armées japonaises pendant la première partie de la campagne grâce auxquelles les Russes ont pu amener tous les renforts dont ils avaient besoin. Au début des hostilités, les forces japonaises étaient écrasantes : elles ont été peu à peu égalées, puis dépassées en nombre par l’adversaire.

Un autre, vice du commandement supérieur est le maintien de l’ancien système du chôgounat encore en vigueur pour les plus hauts postes militaires.

On sait que, pendant des siècles, toutes les grandes institutions japonaises étaient divisées entre deux personnages : un d’eux se bornant à un rôle purement représentatif, l’autre exerçant toutes les prérogatives réelles des titres dont jouissait le premier. C’est ainsi