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Japonais que, s’ils touchaient à nos couleurs, le ministre de France à Pékin en serait avisé sur-le-champ, et qu’un incident diplomatique des plus graves surgirait entre Paris et Tokio. Pour veiller effectivement à la sécurité des consulats, comme il n’avait pas de soldats français à sa disposition, le consul a ramassé une demi-douzaine de Sikhs des Indes en rupture d’emploi qui tramaient sur le quai de Nioutchouang et leur a distribué quelques vieux remingtons.

Une nuit, des Japonais éméchés sont venus insulter les Hindous et ont essayé de faire effraction dans un des établissements russes. Les factionnaires, qui ne connaissaient que leur consigne, ont riposté à coups de baïonnette. À la plainte des autorités militaires, le consul a répondu en invoquant le principe de légitime défense et a obtenu qu’une sentinelle japonaise montât la garde à côté des Sikhs ; de sorte qu’on assiste maintenant au curieux spectacle du drapeau français protégé par un soldat anglais et un fantassin nippon.

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À midi, j’arrive à l’échelle du Tsoukouchi-Marou, avec mes bagages. Le capitaine me refuse l’accès de son navire, prétendant qu’il n’a reçu aucun ordre à mon égard. Il faut encore courir les mille et un bureaux de l’administration la plus paperassière du globe, avant d’être installé définitivement à bord.