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En débouchant de Tachichiao, la ligne passe sur un pont d’une centaine de mètres. Le tablier du viaduc s’est formé de madriers transversaux, séparés par des lentes assez larges. Entre les rails, on a mis, bout à bout, un passage en planches pour les chevaux. Arrivé presque au bout du trajet, je m’aperçois que les deux dernières planches ont été enlevées. Confiant dans l’adresse de ma monture, je la tire par la bride sur la partie dangereuse ; déjà je me trouve en sécurité et mon cheval n’a plus qu’une foulée à faire lorsqu’il met le pied dans un trou et tombe, les jambes prises entre les madriers. J’ai le plus grand mal à le dégager et à l’amener tremblant et couvert de sueur sur le remblai. Par une chance inespérée, il n’a rien de cassé et pas même une écorchure.

À mi-chemin, on est en tram de rapprocher la voie à l’écartement japonais d’un mètre. Cette opération consiste simplement à déplacer un des rails sans même déboulonner les éclisses, en se bornant à enlever les tirefonds. On reporte ensuite le rail à sa nouvelle position, mesurée avec un gabarit en bois. Ce travail, aussi facile que rapide, est exécuté par des coolies chinois, sous la surveillance de contremaîtres et d’ingénieurs japonais, appartenant au service civil des chemins de fer. Sur la ligne principale, la locomotive qui, au moment de notre arrivée en Mandchourie, n’arrivait que jusqu’à Poulantien, atteint