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franchir un gué où l’eau monte aux genoux, suivre une nouvelle digue, et ensuite recommencer à s’embourber. Une forte odeur de marais nous renseigne définitivement sur l’impossibilité d’aller plus loin. Furieux, nous revenons en arrière et reprenons, en sens inverse, la filière de nos épreuves aquatiques. Notre seule consolation est de jeter, en diverses langues, une bordée d’injures aux misérables Chinois, dont les perfides conseils ont prolongé nos malheurs. Enfin, nous retrouvons la terre ferme et un peu plus loin la voie ferrée, à laquelle nous nous accrochons désormais.

Au coucher du soleil, nous arrivons boueux, crottés, ruisselants, à la gare de Tachichiao, au moment où en repart le wagon des attachés. Je vous laisse à penser, quels sarcasmes nous accueillent. Pendant dix minutes, ces messieurs s’étendent en variations sur l’apologue du lièvre et de la tortue.


Nioutchouang, 13 septembre.

Le trajet de Tachichiao à Nioutchouang est court. Il faut l’accomplir tout entier sur la voie ferrée, car, à cette époque de l’année, l’inondation a fait, de toute la plaine, un marécage analogue à celui qui nous a arrêtés hier.