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aussi, se sont mis en grève et retournent dans leur pays. Ils ont donné l’hospitalité à Grant Wallace, trop affaibli par la fièvre la dysenterie pour monter à cheval. Nous les accompagnons jusqu’à Tasanpo et promettons de leur retenir des chambres à l’hôtel de Nioutchouang, où nous nous faisons fort d’arriver avant eux.

Nous bifurquons sur un chemin excellent. Il franchit d’abord une colline escarpée du haut de laquelle nous découvrons la plaine maritime. Peu après, nous traversons un gros village où une foire a réuni toute la population des environs. À partir de ce point la route diminue insensiblement de largeur et bientôt se réduit à un sentier occupant le sommet d’une digue étroite entre deux flaques d’eau. La digue s’abaisse, se perd elle-même dans la nappe liquide où nos chevaux s’engagent bravement. D’abord tout va bien, l’étang est peu profond et le sol ferme ; mais à mesure que nous avançons, nos montures enfoncent de plus en plus. Nous pataugeons horriblement. Palmer a eu le courage de descendre de sa bête et de marcher en éclaireur, avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Nous gagnons péniblement un îlot où sont construites quelques huttes. Sur l’assurance de leur habitants qui affirment, à grands renforts de gestes, que le terrain est praticable au delà, nous continuons notre marche. Il faut d’abord