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atteindre l’hôpital. Partout, c’est la solitude, la désolation, la mort.

J’ai voulu me soustraire à ce sombre tableau, en allant me promener dans la ville chinoise, cette fois-ci avec une autorisation en règle. On m’a indiqué la présence d’un missionnaire français à qui je vais rendre visite. Le brave homme habite une jolie maisonnette indigène tout près d’une vaste place changée en lac par les dernières pluies. Les petits Chinois y ont transporté quelques baignoires qu’ils ont pu trouver dans la ville russe et naviguent dans ces cuirassés d’un nouveau genre.

La conversation du missionnaire n’est qu’une plainte sans fin. Il se lamente des excès commis par les premiers Japonais entrés dans la ville. Ils ont abattu le drapeau français qui flottait sur son toit et menacé de leurs fusils les chrétiens chinois qui faisaient mine de l’y replacer. Puis ils ont volé tout ce qui se trouvait dans la mission. Encore notre compagnon s’estime-t-il heureux d’en être quitte à si bon compte : un vieillard anglais, moitié missionnaire, moitié médecin, qui cherchait à défendre son bien, a été blessé de deux coups de baïonnette.

En dehors des missionnaires, il n’est resté, à Liaoyang, qu’un seul Européen, un marchand allemand, dont la boutique a été mise en miettes par les