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lieutenants et fut porté finalement par le capitaine chef du régiment…

Pendant le reste de la journée du 2 septembre, je parcourus toutes les lignes de la quatrième armée sans succès, et la nuit me surprit en plein champ, sans possibilité de trouver un gîte. J’attachai mon cheval à un arbre et, m’en roulant dans ma couverture, la fatigue aidant, je parvins à m’endormir. Mais, une heure plus tard, saisi par le froid et trempé de rosée, je me réveillai tout ankylosé et passai la fin de la nuit à marcher en rond pour me réchauffer. Lorsque le soleil bienfaisant reparut je repris ma marche de la veille en sens inverse ; les lignes japonaises n’avaient fait aucun progrès, et l’artillerie russe continuait à répondre vaillamment au feu concentré des batteries des 3e et 5e divisions. Des assauts partiels avaient échoué la nuit précédente, mais les ouvrages étaient serrés de près et il était clair qu’ils ne tiendraient pas devant une attaque générale. Au coucher du soleil, j’arrivai enfin au sommet de la colline qui domine le village de Chiouchanpou, où l’on s’était battu le 31 août avec tant d’acharnement. C’est là que je retrouvai après cinq jours d’absence les attachés militaires et les correspondants de guerre ; ils étaient postés exactement à dix kilomètres du combat ! Les Européens me reçurent avec enthousiasme, mais les Japonais se mon-