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voyage en chemin de fer et inaugure des hôpitaux. Néanmoins, le culte populaire subsiste, et, lorsque entre deux pelotons de cavaliers apparaît le landau démodé, tiré par quatre chevaux étiques, un grand souffle d’angoisse courbe les nuques. Pas un cri, pas une exclamation ne viennent rompre l’imposant silence.

L’empereur a passé, les têtes se relèvent. L’imagination est décidément une belle chose, et il faut qu’elle ait bien du pouvoir pour qu’un dieu puisse impunément revêtir cet uniforme si semblable à celui des sergents de ville.


22 mars.

La vision rapide des députés japonais se rendant à leurs délibérations m’avait inspiré la noble intention d’étudier la politique intérieure du pays, et de démêler les divers partis en présence. Un des membres les plus anciens de la colonie étrangère m’ayant assuré qu’il se livre à ce travail depuis quinze ans et qu’il n’y a jamais rien compris, je me suis rendu compte de ma présomption et j’ai abandonné mon projet.

Pour me dédommager, j’ai voulu visiter les vieilles capitales, Kyoto et Nara. Un officier d’état--