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l’Académie de guerre : le lieutenant Z…, qui dirige aujourd’hui cette batterie. J’ai le regret de ne pouvoir vous montrer le capitaine Ichida, son chef titulaire ; mais il a été tué hier un peu avant l’assaut.

Toute cette conversation se tenait sous des salves intermittentes de shrapnells russes qui me faisaient trouver l’étiquette japonaise un peu trop minutieuse, du moins sur le champ de bataille.

Heureusement, les canons ennemis portèrent leur attention d’un autre côté, et la conversation put se prolonger dans des conditions moins gênantes. Je demandai d’abord au colonel pourquoi l’artillerie japonaise n’exécutait jamais que du tir indirect.

— La raison est simple, dit en souriant le colonel : parce que le tir direct est devenu complètement impossible. Avec la rapidité de tir des pièces russes, les nôtres seraient vite hors de combat, si l’ennemi parvenait à en découvrir l’emplacement. En un mot, montrer une batterie, c’est la détruire.

Je m’étonnai également du bombardement lent et, selon moi, prématuré que l’on avait dirigé, le 30, contre les lignes russes, apparemment avec une efficacité médiocre :

— Votre observation, repartit mon interlocuteur, est tout à fait exacte. L’effet matériel sur l’ennemi est presque négligeable. Ne croyez pas pourtant que nous ayons ainsi vidé nos caissons en pure perte ;