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Le lendemain est un jour de répit pour la deuxième armée ; au loin, nous entendons l’écho faible du canon de Kouroki pendant que nous regardons le champ de bataille de la veille. Cette inspection m’aide à débrouiller le spectacle resté un peu confus de l’attaque d’hier matin. En en repassant les diverses péripéties, je parviens difficilement à m’expliquer le rôle de l’artillerie japonaise. Je m’attendais à la voir soutenir jusqu’au bout le mouvement de l’infanterie, mais à peine la première ligne avait-elle fait la moitié du chemin à parcourir que les batteries nipponnes cessèrent le feu, précisément à l’instant où elles auraient rendu les plus grands services.

On ne peut attribuer cette abstention qu’à la crainte de tirer sur leurs propres fantassins ; il faut avouer que la mauvaise qualité des munitions japonaises permet d’adopter cette explication. Il est difficile, à distance, de se rendre compte du degré de précision de la fusée ; néanmoins, de la défectuosité des obus percutants des Japonais, on peut conclure que leurs projectiles fusants ne doivent pas être parfaits. On sait, en effet, que l’artillerie mikadonale ne possède pas d’obus à double effet, mais des munitions distinctes pour les deux genres de tir. Or, on pouvait constater, en parcourant le revers de la position russe, qu’une proportion considérable des obus per-