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groupes obliquer à droite et à gauche, prendre la même route qu’une fraction voisine et revenir ensuite à leur direction primitive. Aussi, dès le premier arrêt, le bel alignement du début s’est brisé : on aperçoit les sections disséminées sur le glacis, les unes couchées, d’autres rampant, d’autres en pleine course. Les neuf cents mètres à parcourir jusqu’aux défenses accessoires des Russes sont franchis de la sorte, et c’est là seulement que ce qui reste de la première ligne japonaise se reforme à l’abri du talus de terre maladroitement élevé par les Russes pour protéger leurs fils de fer.

Lorsque la première ligne d’assaillants est arrivée à moitié chemin de son objectif, la deuxième quitte à son tour les tranchées où elle est restée abritée et se lance sur le glacis, utilisant le terrain et marchant comme la première. La troisième ligne suit la seconde et ainsi de suite. Six vagues successives montent la côte semée de cadavres et de blessés, et l’une après l’autre viennent se tapir derrière le talus protecteur à cent mètres des tranchées ennemies. Pendant ce temps, des volontaires coupent les fils de fer sous la bouche même des fusils russes. En rampant, ils réussissent à ouvrir des passages à travers les défenses accessoires, mais bien peu de ces héros rejoignent leurs camarades.

La compagnie postée à côté de moi tire aussi