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douze à vingt hommes, placés chacun sous le commandement d’un officier ou d’un gradé. À chacun de ces groupes, on a fixé le point de la position ennemie où il doit parvenir ; c’est la seule indication qu’il recevra du commandement.

La première ligne bondit hors des tranchées, les chefs de groupe se jettent en avant, courant de toutes leurs forces jusqu’à la ride de terrain la plus proche où ils se couchent à terre. Leurs fractions les suivent sans observer aucun ordre, chaque homme ayant pour unique préoccupation d’arriver le plus vite possible à l’endroit où il pourra s’aplatir. Je fixe ma lorgnette sur une de ces sections ; elle traverse d’abord une plantation de sorgho sans être découverte par l’ennemi ; mais la voici qui débouche dans un champ de fèves. Les points jaunes se précipitent. Un homme tombe, se relève, fait quelques pas, puis retombe définitivement. Deux autres se tordent à terre ; un quatrième tâche vainement de regagner le couvert que ses camarades viennent de quitter : il roule à côté des trois autres blessés.

Maintenant, devant toute la position russe, on distingue le fourmillement khaki se rapprochant par bonds. Les hommes suivent le chef, le chef choisit l’abri en avant, et le cheminement à suivre pour s’y rendre. Souvent, profitant de couverts favorables situés en dehors de leur axe de marche, on voit des