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Le mamelon E offre certainement le meilleur observatoire du champ de bataille. On découvre droit devant soi toutes les positions russes jusqu’au mont Chiouchan. À droite, au premier plan, s’élève la position flanquante des Russes, L-M, qui nous couvre de shrapnells, et plus loin, la tour coréenne de Liaoyang, dominant les jardins et les plantations qui nous cachent la ville chinoise. À notre gauche, l’infanterie japonaise n’a progressé pendant la nuit dernière que de quelques centaines de mètres ; elle se trouve à hauteur des premières maisons du village de Syangyoungsou, à un kilomètre en moyenne des tranchées russes.

— Vous arrivez bien, me dit le capitaine de la compagnie de tête ; le maréchal Oyama a prescrit, pour faciliter le mouvement enveloppant de la première armée, d’enlever la position russe avant la nuit. L’attaque générale va avoir lieu bientôt. Nous la secondons tant bien que mal en fusillant ces tranchées en face de nous ; malheureusement on n’a pu traîner de canons jusqu’ici.

Confortablement installés derrière de gros rochers, nous braquons nos jumelles sur la plaine. Tout à coup, au revers d’un talus, une mince ligne jaune apparaît. Ce sont les fantassins japonais qui ont mis sac à terre et commencent l’attaque. Pour cette attaque, on a fractionné les lignes en petits groupes de