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Je m’étais fait faire à Yokohama une copie de la sellerie d’ordonnance française, la plus pratique assurément de toutes celles que j’ai vues.

Dans la fonte de droite, le kodak et trois bobines de pellicules ; dans celle de gauche, la trousse de toilette. Une des sacoches de derrière contenait un étui de crayons, du papier et les vivres limités, hélas ! à quelques biscuits ; le chariot portant mes conserves ne nous avait pas encore rejoints, et je ne pus emporter que le reste de ma ration journalière. Enfin la dernière sacoche renfermait un échange complet de linge. Cette précaution indispensable m’avait été enseignée pendant la campagne sud-africaine, le jour où la cavalerie anglaise mit la main sur mes bagages pendant que je tiraillais sur un kopje.


Liaoyang, 5 septembre.

La grande bataille s’achève en ce moment. Par la fenêtre de la villa russe où je me trouve, j’entends les derniers coups de canon du côté de Yentaï. Pendant cinq jours, on s’est battu sans relâche et j’ai eu la satisfaction de pouvoir suivre à ma convenance quelques-unes des phases principales de cette lutte de géants, l’événement militaire le plus important que l’histoire puisse enregistrer depuis 1870.