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chœur de lamentations s’élève vers le ciel : tout est abîmé. Chacun pleure la perte de ce qu’il avait de plus cher ; la plus sensible est celle des plaques photographiques qu’on retrouve nageant dans de petites mares.

J’ouvre à mon tour mes paniers d’osier ; aucune armature ne les protégeant, je m’attends à découvrir une véritable bouillie. Jugez de mon étonnement et de ma joie en constatant que pas une goutte d’eau n’a pénétré. Par contre, une valise anglaise à fermeture soi-disant hermétique, brevetée comme telle et couverte de médailles glanées à toutes les expositions, avait été complètement inondée. Mon linge qui s’y trouve s’est recouvert d’une teinte uniformément orange clair que les savonnages les plus énergiques sont impuissants à faire disparaître.

Nous avons décidé de faire séjour jusqu’à demain pour sécher nos vêtements et réparer le désastre dans la mesure du possible. Chacun a étalé ses richesses au soleil, sur une toile de tente, comme pour une revue de détail.

On parcourt la ville pour faire des achats et remplacer ce que l’orage a rendu inutilisable. Kaïping possède des magasins fort convenables, amplement approvisionnés de denrées européennes par les maisons de Nioutchouang. Mes collègues les ont mises en coupe réglée.