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gieusement à ces préceptes ; mais, en chemin, les gourdes pleines de thé au départ sont bientôt vides. Lorsqu’on est épuisé par la chaleur et la fatigue, que la poussière dessèche la gorge, il est impossible de résister aux offres des paysans rangés le long de la route pour nous vendre de l’eau glacée et des pastèques roses. Une légère dysenterie, à laquelle personne n’échappe, est le résultat de nos imprudences. Cette indisposition n’est pas toujours bénigne en Mandchourie ; la mort du journaliste américain Middleton, qui suivait l’armée russe, est un avertissement qui donne à réfléchir.

À Ouafangou, notre halte d’hier soir, nous avons bivouaqué pour la première fois. L’aspect malpropre de la maison qu’on nous avait donnée comme gîte nous engagea à profiter du beau temps et à dresser les lits de camp dans le jardin.

J’ai emporté pour coucher à la belle étoile un appareil très pratique dont j’ai déjà eu à me louer dans les climats les plus divers, au Transvaal, au Congo et dans le Sahara ; je le recommande à ceux de mes lecteurs que tenteraient les voyages lointains. Cela s’appelle un « schlafsack » ; c’est un long étui de deux mètres, doublé de caoutchouc en dehors et de molleton à l’intérieur ; à la fois chaud et imperméable, il tient fort peu de place et peut se rouler en travers de la selle.