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de bataille et des divers mamelons couronnés d’ouvrages élevés par les Russes pour protéger leurs canons de position.

Une courte inspection suffit à se rendre compte de la faiblesse de la défense. On se demande ce qui était plus défectueux, de l’artillerie ou de la fortification. Les pièces sont de vieux canons démodés pris à l’arsenal chinois de Tientsin pendant la campagne des Boxeurs. On en voit encore une douzaine près de la halte du chemin de fer où les Japonais les laissent pourrir, estimant avec raison qu’ils sont inutilisables pour la guerre et que d’aussi piètres trophées ne valent pas le prix de leur transport au Japon. Les fortifications des Russes sont bien mal comprises et, lorsqu’on pense qu’ils ont eu près de quatre mois pour les construire et les améliorer, il est difficile d’imaginer à quoi ils ont pu employer leur temps.

Les épaulements des batteries sont trop bas : la terre du parapet n’a pas été recouverte d’herbe et forme une tache blanche sur le fond vert de la prairie, excellent point de repère pour le réglage du tir de l’ennemi. Enfin les traverses ont été élevées en dépit du bon sens ; elles sont toutes à la même hauteur de terre, ne tenant aucun compte de la pente et découvrent entièrement les servants du côté où le sol s’incline. Seuls les abris pour les munitions et