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il est porteur d’un pli signé du commandant d’armes et nous enjoignant de nous rendre à Kintchéou, la préfecture du district. C’est une petite étape de douze kilomètres seulement, dont la longueur convient bien à des gens et des bêtes emprisonnés pendant six jours sur un bateau de dimensions restreintes. Notre colonne, encore inexpérimentée, met longtemps à achever le chargement des bagages sur les charrettes chinoises. La fraîcheur matinale est passée depuis longtemps, lorsque le convoi, après avoir longé les casernes abandonnées par les réguliers célestes, quitte la ville dans la direction du nord.

Deux chemins mènent de Louchoutoung à Kintchéou ; celui de gauche, le moins fréquenté, fait un léger détour pour passer au sommet des positions de Nanchan que les troupes du général Stœssel défendirent avec tant d’opiniâtreté le 27 mai dernier. Quittant notre caravane, je me dirige de ce côté, et, après un quart d’heure d’ascension, j’arrive au faîte d’une colline pointue au centre de la ligne de résistance de la garnison de Port-Arthur.

L’isthme qui s’étend entre la baie de Kintchéou et l’anse septentrionale du golfe de Talienouan est fort étroit ; il y a moins d’une lieue d’une mer à l’autre. Aussi le sommet de la colline qui en occupe le centre offre-t-il une vue parfaite de tout le champ