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tôt, ils furent assez près pour nous permettre de constater que nous avions affaire à l’escadre de l’amiral Kamimoura.

Le vaisseau-amiral, du type Tokioua, était à deux cents mètres de distance : les drisses de signaux se mirent à l’ouvrage. Les questions habituelles : « Qui êtes-vous ? Où allez-vous ? Qu’avez-vous vu ? » traduites dans un langage de flammes bariolées, nous retinrent un quart d’heure sur place. En voyant flotter à notre grand mât le pavillon de l’ « Osaka Chosen Kaïcha », le croiseur nous signala de mettre le cap sur la station navale de Tsouchima. Là, le dialogue optique recommença, et nous reçûmes l’ordre de rallier directement Modji en brûlant l’escale de Fousan. Le soir même, nous débarquions sans encombre au Japon. Nous y apprenions que les croiseurs fantômes de Vladivostok avaient encore fait leur apparition dans les parages que nous venions de quitter après avoir bombardé le port de Guensan. Ainsi cette courte traversée sur un simple bateau marchand nous avait amenés plus près des opérations actives que notre voyage d’un mois sur le Manchou-Marou dont la destination officielle était le théâtre de la guerre.