Page:Kann - Journal d'un correspondant de guerre en Extrême-Orient.djvu/134

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

s’expliquer que par l’intention de nous faire perdre du temps. Le soir même nous reparlons dans la direction du nord.


Haïdjou, 2 juillet.

Le lendemain de notre départ de Haïdjou, nous fûmes réveillés de grand matin. Le bateau venait de stopper brusquement ; nous nous croyions tous arrivés à Tchinnampo. En montant sur le pont, je constatai que nous avions mouillé en pleine mer. Une brume impénétrable nous environnait, rendant toute navigation impossible. Un avis affiché quelques instants plus tard annonçait que le Manchou-Marou se trouvait à l’ancre par 124° 40’ de longitude est de Greenwich et 37° 44’ de latitude nord…

Nous sommes restés quatre jours immobiles, roulant bord sur bord ; les hurlements de la sirène alternaient avec le tintement périodique de la cloche. Cette inaction prolongée mettait tout le monde de fort mauvaise humeur. Les deux camps, européen et japonais, se tenaient chacun à l’écart.

L’attitude des Nippons était bien changée depuis le début du voyage. Tant que nous étions restés dans les eaux japonaises ils se montrèrent corrects et polis. Depuis notre arrivée en Corée, un revirement brus-