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de base de fortune aux escadres combinées de l’amiral Togo. La topographie de la côte a été laissée intentionnellement très indécise sur les cartes, sauf sur celles de la marine japonaise qui n’ont pas été livrées à la circulation.

Dans l’après-midi, nous jetons l’ancre devant un petit groupe d’îles : le premier coup d’œil suffit à nous démontrer que le commandant Takarabé n’a fait preuve d’aucune indiscrétion dangereuse en nous amenant ici. Quelques bouées, l’épave d’un transport dont les mâts sortent de l’eau, sont les seuls vestiges qui subsistent de la grandeur passée de Haïdjou.

On nous débarque dans l’îlot principal que les Japonais appellent Keïtodjima. La garnison tout entière est sur la plage pour nous recevoir : elle se compose de dix soldats et d’une demi-douzaine de télégraphistes. À la joie débordante qu’ils manifestent à l’arrivée des visiteurs, on les prendrait pour des naufragés perdus sur leur île depuis de longues années. Leur sort n’est guère enviable ; quelques rares transports s’arrêtent à de longs intervalles pour leur laisser de l’eau et des vivres. Ces exilés nous conduisent à la station télégraphique et aux deux misérables gourbis où ils végètent dans la vermine. Là-dessus, on nous rembarque. L’intérêt de cette excursion a été plus que médiocre ; elle ne peut