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dements se croisaient en tous sens. Je descendis à la hâte pour voir si quelque émeute troublait le repos de la capitale, mais le propriétaire me rassura bientôt en souriant quelque peu de mon inexpérience. Tous les matins, paraît-il, c’est le même déploiement de forces avec accompagnement de hurlements et de fanfares.

L’empereur qui, sur les injonctions de ses amis étrangers, dépense pour son armée beaucoup plus qu’il ne désirerait, veut au moins en avoir pour son argent ; en faisant sans cesse défiler ses troupes dans les rues de la capitale, il a la satisfaction de constater qu’elles existent réellement et se donne l’illusion qu’elles pourraient combattre au besoin. Jamais ces bruyantes démonstrations n’ont été plus fréquentes que depuis le commencement de la guerre. Ce brouhaha ne semble pourtant guère impressionner les deux ou trois compagnies de territoriaux qui forment à elles seules la garnison japonaise et suffiraient certainement à faire disparaître tous les réguliers coréens comme une volée de moineaux.

Quoi qu’il en soit, je n’ai jamais vu autant de soldats dans les rues d’une ville. La qualité, par exemple, est loin de valoir la quantité, et je ne vois guère que les troupes marocaines auxquelles on puisse comparer l’armée coréenne. Débraillés et malpropres, les soldats montent la garde près des innom-