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aux inventions des poètes. [3] Ils répandirent ces récits chez les Grecs et les Gentils, là surtout où ils savaient par les prophètes qu’on croirait au Christ. [4] Mais ces prophéties qu’ils connaissaient, ils n’en comprenaient pas bien le sens, et ils imitaient à contretemps ce qui est dit de notre Christ ; nous allons vous le montrer. [5] Moïse, le plus ancien des écrivains, comme nous l’avons dit, avait fait cette prophétie que nous avons déjà citée : « Il ne manquera pas de prince de Juda, ni de chef de sa race, jusqu’à ce que vienne celui à qui il a été réservé ; et celui-là sera l’attente des nations : il attachera son poulain à la vigne, et il lavera sa robe dans le sang de la grappe. » [6] Les démons, qui avaient connaissance de cette prophétie, supposèrent un Dionysos, fils de Zeus ; ils prétendirent qu’il avait découvert la vigne ; ils introduisirent le vin[1] dans ses mystères, et ils enseignèrent qu’il monta au ciel, après avoir été mis en pièces. [7] Dans la prophétie de Moïse, il n’est pas dit clairement si celui qui doit venir est fils de Dieu, ni, si monté sur ce poulain, il doit rester sur la terre, ou monter au ciel. D’autre part, ce nom de poulain peut s’appliquer aussi bien à un âne qu’à un cheval. Ne sachant donc pas si celui qui était annoncé devait manifester sa présence monté sur un âne ou sur un cheval, s’il serait fils de Dieu, comme nous l’avons dit plus haut, ou fils d’un homme, les démons racontèrent que Bellérophon, homme et fils

  1. Cf. Intr., § 19.