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veloppent au sud le lac Baïkal, il existait une chaîne non interrompue de montagnes presque infranchissables. M. de Humboldt, le premier, a fait voir, en s’appuyant sur des documents jusqu’à présent inconnus ou mal employés, qu’une immense dépression sépare le massif de Pamir du massif Altaïque. Cette dépression, où les eaux accumulées donnent naissance à de nombreux et vastes lacs (notamment ceux d’Issikoul et de Tenghiz), forme un pays de plaines, de vallées et de pâturages, qui porte aujourd’hui le nom de Dzoungarie. C’est la seule communication qui existe entre les steppes élevées de la Mongolie et les plaines basses qu’arrose le Sir-déria (le Jaxartes des Grecs), C’est par cette issue naturelle que se sont faites, depuis les plus anciens temps, les innombrables migrations qui ont versé tant de tribus nomades vers la mer Caspienne et les plaines sarmatiques ; c’est la seule route que puissent suivre les caravanes ; c’est celle que traverse l’itinéraire de notre voyageur. Il côtoie pendant un certain temps les bords du lac Thsing-tch’i (Témourtou ou Issikoul), et, de là, pénétrant dans le bassin supérieur du Sir-déria (Jaxartes), il voit le verdoyant pays de Thsien-thsiouen ou des Mille sources (aujourd’hui Ming boulak en mongol, et Bin gheul en turc, mots qui ont exactement le même sens que la dénomina-