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dans la relation de Hiouen-thsang sous le nom de Hou-lou. Un peu plus bas, vers l’ouest, elle va se perdre dans un lac. C’était vers ce lac qu’était la frontière extrême de la domination chinoise et le commencement du célèbre royaume des Oïgours (I-’gou dans notre voyageur).

Là, au moment de pénétrer dans ces régions peu connues des Chinois eux-mêmes, un vieillard du pays indique à Hiouen-thsang les chemins qu’il lui faudra suivre. Ce vieillard, qui avait fréquemment parcouru les routes du pays d’Oïgour, dépeint ainsi la contrée où l’on va s’engager : « Les routes de l’ouest sont mauvaises et dangereuses ; tantôt on est arrêté par un fleuve de sables (mouvants), tantôt par des démons et des vents brûlants. Lorsqu’on les rencontre, il n’est personne qui puisse y échapper ; souvent des caravanes nombreuses s’y égarent et périssent. »

Quand ce bon vieillard parle ainsi des démons qui hantent ces plaines dangereuses, où il arrive souvent que des vents soulèvent d’immenses tourbillons de sable, ne croirait-on pas entendre les légendes que Marco Polo, six cent cinquante ans plus tard, recueillit en traversant les mêmes lieux ? « S’il advient (c’est le voyageur vénitien qui parle) qu’en chevauchant de nuit par ces déserts, un voyageur s’écarte et se sépare de ses compagnons, il