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DOCUMENTS GÉOGRAPHIQUES.

Soudatta y consentit. Il fit apporter par des hommes et des éléphants une immense quantité d’or qui couvrit quatre-vingts arpents ; mais, au milieu, il resta un petit espace vide qu’il ne put couvrir. Ce fut là qu’on éleva plus tard le célèbre couvent de Djêtavana. Mais six maîtres de magie (Mâyâkaras) allèrent trouver le roi Prasênadjit et lui racontèrent que le prince royal avait vendu son jardin à Soudatta, qui voulait le consacrer au Bouddha et à ses disciples. Ils prièrent le roi de n’accorder sa ratification que si le Çramana Çâripouttra, qui avait conseillé d’acheter ce jardin, voulait lutter avec eux dans l’art d’opérer des prodiges et sortait vainqueur de la lutte. Après bien des détails que nous omettons pour abréger cette légende, le combat commence. Un des disciples des six maîtres, nommé Lao-tou-tcha, qui était très-habile dans les sciences occultes, prononça des paroles magiques et fit paraître un arbre immense dont les branches touffues ombragèrent l’assemblée. Il était aussi remarquable par l’éclat de ses fleurs que par la beauté et l’abondance de ses fruits.

Çâripouttra produisit un tourbillon de vent qui déracina l’arbre, le renversa par terre et le réduisit en poussière.

Toute l’assemblée s’écria : « Çâripouttra est vainqueur ; Lao-tou-tcha ne saurait l’égaler. » Mais celui-ci prononça de nouveau des paroles magiques et fit paraître un étang dont les bords étaient enrichis de sept matières précieuses. Au centre de l’étang, s’élevaient toute sorte de fleurs d’une beauté sans pareille.

De son côté, Çâripouttra fit paraître un éléphant blanc armé de six défenses. Sur chacune de ces défenses, il y avait sept lotus, et sur chaque lotus, sept jeunes filles belles comme le jade. L’éléphant s’avança majestueusement au bord de