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connue. Si j’y suis heureusement parvenu dans le plus grand nombre de cas, c’est que j’ai pu appliquer avec certitude, à des mots douteux, la valeur de leurs éléments graphiques, empruntée à des mots indiens où je l’avais plusieurs fois reconnue, et dont la lecture et la signification étaient parfaitement établies. C’est aussi l’analyse de mots significatifs bien transcrits qui m’a fait découvrir les signes chinois des lettres cérébrales qui ont dans les dictionnaires un son tout différent[1], et certains artifices phonétiques qui défiguraient des mots importants au point de les rendre méconnaissables[2].

  1. Ainsi, tch’a figure ḍa dans Drâviḍa, tchi se trouve pour ṭi dans kôṭi ; pour ce dernier son, on emploie aussi tchi 知 。穉。檡。。恥。 tchouï 椎。槌。 ts’e  ; etc.
  2. Devant la première syllabe des mots qui commencent en sanskrit par ra, les interprètes mettent ordinairement ngo, ho, ko (a de notre alphabet) ; ils écrivent, par exemple, Ko-lo-heou-lo pour Râhoula (nom propre) ; Ngo-lou-pa pour Roûpya « argent » ; Ko-lo-che-pou-lo (Fo-koue-ki, p. 381, art. 44) pour Râdjapoura. Nous avons fait quelque chose d’analogue lorsque nous avons ajouté un e devant les mots dont le radical latin conmiençait par sp (par exemple espérance, de sperare) ou par sc (escalier, échelle, venant de scala).

    Citons encore un autre procédé, que nous avons aisément découvert en analysant un grand nombre de mots. La langue chinoise ne possédant point de signes propres à figurer certaines lettres sanskrites suivies, par exemple, de r, k, t, comme dra, ska, sta, les interprètes se sont servis de deux caractères commençant chacun par la consonne requise et se terminant par la même voyelle ou diphthongue ; ils ont ainsi écrit ta-la pour tra, sa-ka pour ska, sa-ta pour sta, sou-tou pour