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LIVRE DIXIÈME.

Kao-tsong lui eut succédé, il redoubla à son égard d’affection et de respect. Sans cesse il envoyait des officiers du palais s’informer de lui avec bienveillance, et lui porter de riches présents. Les pièces de soie qu il reçut ainsi s’élevaient à plus de dix mille, sans compter plusieurs centaines de Kachâyas (sorte de vêtement religieux). Mais comme le Maître de la loi faisait bâtir une tour et élevait des constructions pour y déposer les livres et les statues, il donnait de grandes aumônes aux pauvres et aux Po-lo-men [Brahmanes) des royaumes étrangers. À peine avait-il reçu des présents qu^il les distribuait, sans en rien conserver pour lui-même. Son vœu le plus ardent était de faire mouler dix kôtis (cent millions) de statuettes du Bouddha ; et il réussit en effet dans cette pieuse entreprise.

Le royaume de l’Est (la Chine) avait alors beaucoup d’estime pour le livre Pan-jo (le livre de la Pradjñâ pâramitâ, ou de l’Intelligence transcendante) ; mais quoiqu’on l’eût traduit dans les siècles précédents, il était loin d’être complet. Une multitude de personnes le prièrent en conséquence d’en faire une nouvelle traduction.

Or le recueil Pan-jo (c’est-à-dire de la Pradjnâ) était fort étendu, et, à la capitale, Hiouen-thsang était accablé d’occupations. D’un autre côté, il pensait à la brièveté de la vie, et craignait de ne pouvoir le conduire à sa fin. Il demanda alors l’autorisation de se transporter dans le palais Yu-hoa-kong, pour se livrer avec calme à la traduction de cet ouvrage. L’empereur la lui accorda.