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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

l’installa dans un couvent de l’école des Sa-p’o-to (Sarvâstivâdas) qui suivaient la doctrine du petit Véhicule.

À dix li au sud de la ville royale, il y a un grand couvent qui fut construit par le premier roi de ce royaume, en l’honneur de l’Arhân Pi-lou-tche-na (Vâirôtchana).

Jadis, lorsque la doctrine bouddhique n’était pas encore parvenue dans ce royaume, cet Arhân y était arrivé du royaume de Kachmire et s’était fixé en silence au milieu d’une forêt. À cette époque, il y eut des personnes qui, l’ayant vu, furent frappées de son extérieur et de son costume étranges. Elles en informèrent aussitôt le roi, qui voulut aller en personne pour examiner ses manières et sa conduite.

« Qui êtes-vous, lui demanda-t-il, pour demeurer ainsi au milieu d’une forêt sauvage ? »

— « Je suis, répondit-il, un disciple de Jou-laï (du Tathâgata) : c’est la Loi qui m’impose ce séjour solitaire. »

« Qu’entendez-vous, lui demanda le roi, par ce nom de Jou-laï (Tathâgata) ? »

— « Jou-laï (Tathâgata), répondit-il, est un titre honorifique de Fo-to (du Bouddha). Jadis I-tsie-i-tch’ing (Sarvârthasiddha), fils ainé du roi Tsing-fan (Çoaddhôdana), fut ému de compassion en voyant tous les hommes plongés dans un océan de doideurs, sans qu^il y eut personne pour les délivrer et leur offrir un asile. Alors, renonçant à une immense fortune, propre à doter mille fils, et au trône de roi Tchakravarttî, des quatre Tcheou (Tchatvâradvîpas), il alla vivre dans la retraite, au mi-