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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

dans l’extase complète. Comme leurs cheveux et leur barbe croissent peu à peu, les religieux vont de temps en temps les couper.

Dans ce royaume, on possède une multitude de traités (lu grand Véhicule, qui forment plusieurs dizaines d’ouvrages contenant ensemble cent mille çlôkas.

De là il prit la direction de l’est et, après avoir fait huit cents li, il arriva au royaume de Kiu-sa-tan-na (Koustana — Khotan), dont la plus grande partie n’offre que des plaines couvertes de pierres et de sables. Le reste est favorable à la culture des grains et abonde en productions de tout genre. On tire de ce pays des tapis de laine, du feutre fin, du taffetas habilement tissé, du jade blanc et du jade noir. Le climat est tempéré, les habitants observent la justice et les rites ; ils estiment l’étude et aiment la musique. Leurs mœurs respirent la droiture et l’honnêteté, et, sous ce rapport, ils diffèrent beaucoup des autres barbares. À l’exception de quelques légers changements, les caractères de leur écriture sont les mêmes que ceux de l’Inde^^1 ; mais la langue est fort différente. Us professent un grand respect pour la loi du Bouddha.

On y compte cent couvents qui renferment environ cinq mille religieux, adonnés, en général, à l’étude du grand Véhicule. Le roi est brave, prudent, belliqueux, et plein de déférence et d’affection pour les hommes vertueux. Il se flatte de descendre du dieu Pi-cha-men (Vâiçravana) « le dieu des richesses. »

1 Ce passage est tiré du Si-yu-ki, liv. XII, fol. 14.