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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

ayant éteint le principe de la pensée, est entré dans l’extase complète. Depuis ce temps-là, il s’est écoulé bien des années. Voilà pourquoi ses cheveux ont poussé d’une manière si extraordinaire. »

« Comment l’éveiller et le faire lever ? » demanda le roi.

— « Quand un homme, dit le religieux, sort de l’extase, après avoir été privé de nourriture pendant de longues années, son corps tombe bientôt en décomposition. Il faut d’abord l’humecter avec de la crème et du lait pour lubrifier et assouplir ses muscles. Ensuite on frappera le ghantâ (la plaque de métal sonore), pour l’émouvoir et l’éveiller ; peut-être qu’alors il pourra se lever. »

« C’est bien, » dit le roi.

Aussitôt, suivant le conseil du religieux, on l’arrosa avec du lait et l’on frappa le ghantâ. L’Arhân ouvrit les yeux et regardant autour de lui : « Qui êtes-vous, dit-il, vous tous qui portez l’habit religieux ? »

— « Nous sommes des Bhikchous, » lui fut-il répondu. « Où est maintenant, reprit l’Arhân, mon maître Kia-che-po-jou-lai (Kâçyapa tathâgata) ? »

— « Il y a bien longtemps, répondit le Bhikchou, qu’il est entré dans le Nie-pan (Nirvana). » En entendant ces mots, il laissa échapper un cri de douleur ; puis reprenant : « Chi-kia-wen-fo (Çâkyamouni bouddha), demanda-t-il, est-il parvenu ou non à l’In-