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dont on ne possède plus l’original sanskrit, traduit en chinois dans le iiie siècle de notre ère, par Hoeï-khio (Bouddhamati). Nous montrerons tout à l’heure que, sous ce dernier rapport, la position des sinologues est incomparablement meilleure, par la raison que deux lexicographes du Céleste Empire ont pris la peine de rédiger, chacun de leur côté, un recueil[1] de mots qui présentent la double difficulté dont nous nous occupons, et si ces deux ouvrages sont publiés un jour en France avec les transcriptions sanscrites, les orientalistes européens en tireront un plus grand parti que les Chinois eux-mêmes, à qui le texte original offre les noms indiens, traduits, il est vrai, dans leur propre langue, mais en les laissant figurés d’une manière barbare à l’aide de caractères phonétiques. Mais ce n’était pas tout que de posséder ou d’avoir à sa disposition ces précieux recueils. La première condition requise pour découvrir la forme originale de tous ces mots, sous l’enveloppe étrange des sons chinois[2], était de connaître la langue sanskrite à laquelle mes devanciers étaient restés

  1. Ces recueils sont les dictionnaires intitulés Hiouen-ing-i-tsie-king-in-i, vingt-cinq livres en huit volumes, et Fan-i-ming-i-tsi, vingt livres en six volumes, dont il sera parlé plus bas, pag. xxiii.
  2. Dans le Fo-koue-ki, p. 387, on a donné les sons suivants comme noms de cinq rois de Magadha :Lo-kia-lo-a-yi-to ;Fo-tho-kiou-to ;