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LIVRE CINQUIÈME.

Dans ces derniers temps, le roi Kiaï-ji (Çilâditya), ayant appris qu’il y avait une dent du Bouddha dans le Kachmire, vint lui-même jusqu’à la frontière, et demanda la permission de la voir et de l’adorer ; mais les habitants, poussés par un sentiment d’avarice, restèrent sourds à sa prière ; ils tirèrent la dent de la cassette et la cachèrent dans un autre endroit. Cependant le roi, redoutant la puissance de Kiaï-ji (Çilâditya), fit pratiquer partout des fouilles et étant parvenu à retrouver cette relique, s’empressa d’aller la lui présenter. Celui-ci, en la voyant, donna les marques de la plus haute estime et du plus profond respect. Fier de la force de ses armes, il s’en empara sur-le-champ et l’emporta pour lui rendre ses hommages. C’était précisément la dent dont nous venons de parler.

Après que l’assemblée se fut séparée, le roi fit déposer, dans le couvent de Nâlanda, la statue d’or du Bouddha qu’il avait fait fondre, et une grande quantité de vêtements et de monnaies précieuses, et en confia la garde aux religieux.

Le Maître de la loi fit d’abord ses adieux aux religieux de Nâlanda, emporta les livres et les statues qu’il avait recueillis et ferma ses conférences. Le dix-neuvième jour après, il prit congé du roi et voulut s’en retourner.

« Votre disciple, lui dit le roi, a succédé au trône et a régné sur l’univers (l’Inde) pendant plus de trente ans. Constamment je m’inquiétais en voyant que je ne faisais point de progrès dans le bonheur et la vertu.