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LIVRE CINQUIÈME.

voyant que cette race méprisable avait détruit la loi du Bouddha. Alors il se déguisa en marchand, et se mettant à la tête de trois mille soldats intrépides, il apporta une grande quantité de choses précieuses, sous prétexte de les offrir au roi qui était d’une insatiable cupidité.

Dès que celui-ci eut appris cette nouvelle, il fut ravi de joie et chargea plusieurs de ses officiers d’aller audevant de lui et de le recevoir ; mais le roi de Himatala était doué d’un caractère énergique et terrible, et il avait la majesté imposante d’un dieu. Arrivé au pied du trône, il ôta son bonnet et lui adressa de sanglants reproches.

À sa vue, le roi des Krityas fut glacé de terreur et tomba par terre. Le roi de Himatala lui saisit la tête et la trancha d’un coup de sabre ; puis se tournant vers ses nombreux officiers : « Moi, roi de Himatala, s’écria-t-il, dès que j’eus appris que de vils esclaves avaient détruit la loi du Bouddha, je suis accouru pour les châtier ; mais votre roi seul était responsable d’un tel attentat, vous y étiez étrangers. Que chacun de vous se tranquillise ; je me contenterai de chasser dans un royaume lointain tous ceux qui ont égaré l’esprit du roi et ont été ainsi les principaux auteurs de ses attentats ; je n’inquiéterai nullement tous les autres. »

Quand le roi eut exterminé cette race impie, il construisit un couvent, y appela des religieux, leur en fit don et s’en retourna. Le Bhikchou, qui précédemment s’était enfui dans (une autre partie de) l’Inde, n’eut pas plutôt appris que la paix était rétablie dans le royaume de Kachmire, qu’il prit son bâton et se mit en route