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LIVRE CINQUIÈME.

traité. Voilà pourquoi je n’ai pu venir immédiatement rendre ma visite à Votre Majesté. »

« Maître, demanda encore le roi, vous venez de la Chine. Votre disciple a entendu dire que, dans ce royaume, on possédait des morceaux de musique et des airs qu’on chante avec accompagnement de danses, pour célébrer les victoires du prince de Thsin. J’ignore quel est l’homme qu’on appelle le prince de Thsin, et quels sont ses exploits et ses vertus pour qu’on chante ainsi ses louanges. »

— « Sire, répondit le Maître de la loi, dans mon pays natal, lorsqu’on voit un homme qui aime les sages et peut délivrer le peuple des attaques des méchants, réprimer la violence et la cruauté, protéger les cent familles et leur procurer le bonheur, on le célèbre par des chants qui servent à embellir la musique du temple des ancêtres, et pénètrent jusque dans les villages les plus reculés. Le nom de prince de Thsin désigne l’empereur actuel de la Chine, qui avait reçu ce titre avant de monter sur le trône. À cette époque, le ciel et la terre étaient dans une grande agitation ; le peuple n’avait plus de maître, les champs étaient encombrés de cadavres, les rivières et les canaux roulaient des flots de sang ; pendant la nuit, des étoiles étranges répandaient de sinistres lueurs ; pendant le jour, on voyait se condenser des vapeurs meurtrières ; les rives des trois fleuves étaient désolées par la voracité des sangliers, et les quatre mers[1] étaient infestées par des serpents venimeux.

  1. C’est-à-dire toutes les parties de l’empire.