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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

si nous pourrons parvenir ensemble au terme de notre long voyage. Comment pouvez-vous dire qu’il faut dédaigner ce pays parce que le Bouddha n’y est point allé ?

D’après les livres sacrés, répartirent les religieux, les Dévas communiquent avec les mortels suivant le degré de leur pureté et de leur vertu ; aussi ont-ils résidé avec le docteur de la loi dans le Tchen-poa (Djamboudvipa). Si le Bouddha a voulu naître dans ce pays plutôt que dans le vôtre, c’est parce qu’il regardait la Chine comme un pays barbare et dépravé. Ce pays est donc déshérité du bonheur ; voilà pourquoi nous vous exhortons à n’y point retourner. »

— « WoU’hùoU’tching (Vimalakifiti)^ reprit le docteur de la loi, disait (à un de ses disciples) : « Pourquoi le « soleil parcourt-il l’ile de Tchen-pou (le Djamboudvîpa) ?

— « Pour dissiper les ténèbres, » répondit celui-ci. Or c’est précisément dans le même but que je veux retourner dans mon pays. »

Les religieux, voyant que leurs représentations restaient sans effet, l’engagèrent à aller trouver le maître Kiaï’hien (Çîlabhadra) et lui faire part de son projet.

« Comment avez-vous pu prendre une telle résolution, lui demanda Kiai-hien (Çilabhadra) ?

— « Ce royaume, répondit le voyageur, a été le berceau du Bouddha ; ce n’est point que je ne l’aime et ne m’y trouve heureux ; mais l’unique but de mon voyage était de chercher la Loi sublime et de la faire servir au bonheur des hommes. Depuis mon arrivée, vous avez daigné, vénérable maître, m’expliquer le traité Yu-kia