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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

s’efforcèrent de le retenir. « L’Inde, dirent-ils, a vu naître le Bouddha, et quoique ce grand Saint ait quitté la terre, ses traces sacrées subsistent encore. Les visiter tour à tour, les adorer et chanter ses louanges, voilà de quoi faire le bonheur de votre vie. Pourquoi être venu ici et nous délaisser tout à coup ? Ajoutez à cela que la Chine est un pays de Mie-li-tch’e (Mlêtchtchas) « barbares » ; on y méprise les religieux et la Loi ; c’est pour cela que le Bouddha n’a pas voulu y naître. Les vues des habitants sont étroites et leurs souillures profondes. Voilà pourquoi les sages et les saints (de Tlnde) ny sont pas allés. Quant à la froidure de notre climat et i la difficulté des chemins, cela ne vaut pas la peine de vous occuper. »

— « Le roi de la loi (Dharmarâdjâ — le Bouddha), répondit Hiouen-thsang, a fondé sa doctrine pour qu’elle se répandît en tous lieux ; quel est l’homme qui voudrait s’en abreuver tout seul et délaisser ceux qui ne l’ont pas encore reçue ? Or, dans ce royaume (en Chine), les magistrats sont graves et les lois sont observées avec respect. Le prince se distingue par sa haute vertu et ses sujets par leur loyauté ; les pères par leur affection, les fils par leur pieuse obéissance. On y estime l’humanité et la justice, et l’on place au premier rang les vieillards et les sages. Ce n’est pas tout : la science n’a pas de mystères pour eux ; leur pénétration égale celle des esprits ; le ciel leur sert de modèle et ils savent calculer les mouvements des sept clartés (du soleil, de la lune et des cinq planètes). Ils ont inventé (toutes sortes)