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Lorsque des tentatives réitérées et toujours infructueuses m’eurent clairement démontré l’impossibilité de restituer l’orthographe des mots sanskrits exprimés phonétiquement, et de retrouver la forme indienne de ceux dont les auteurs s’étaient contentés de donner la traduction chinoise, je ne songeai plus qu’à trouver les moyens de surmonter ce double obstacle. Il est fort curieux de remonter aux considérations qui ont guidé les interprètes dans le système qu’ils ont adopté dans le premier cas, c’est-à-dire lorsqu’ils ont laissé subsister les termes sanskrits qui nous embarrassent. Or, on va voir que ce n’est ni par paresse d’esprit, ni par caprice individuel, qu’ils ont agi ainsi. Dès l’époque où l’on commença (vers la fin du iie siècle de notre ère) à faire passer les ouvrages bouddhiques dans la langue fleurie du royaume du Milieu, on établit des règles et des principes invariables que devaient observer religieusement tous les interprètes des âges suivants. D’après le témoignage de Hiouen-thsang[1] les mots qu’on devait éviter de traduire étaient divisés en cinq classes :

1o Les mots qui ont un sens mystique, comme ceux des T'o-lo-ni (Dhâraṇîs) « charmes ou formules magiques. »

  1. Préface du dictionnaire Fan-i-ming-i-tsi, liv. I, fol. 1.