Page:Julien - Histoire de la vie de Hiouen-Thsang et de ses voyages dans l’Inde.djvu/325

Cette page n’a pas encore été corrigée
225
LIVRE QUATRIÈME.

Ils sont aussi infects et aussi dégoûtants qu’un porc au milieu d’un cloaque. Et cependant, vous autres, vous considérez cela comme des actes de vertu ! N’est-ce pas le comble de la stupidité et de la folie ?

« Quant aux hérétiques qui suivent la doctrine appelée Sou-lun (Sâm̃khyâ), ils ont établi vingt-cinq vérités. Suivant eux, de la nature qui nous est propre naît l’augmentation (de l’intelligence) ; de l’augmentation (de l’intelligence) naît le moi qui produit les cinq choses subtiles, ensuite les cinq grandes choses, et enfin les onze racines. Ces vingt-quatre choses sont toutes au service du moi et contribuent aux jouissances du moi. Quand nous sommes dégagés de toutes ces choses, nous obtenons la pureté parfaite. »

Le Maître de la loi passa en revue les points principaux de la philosophie Sâm̃khyâ et de la doctrine des Vâiçêchikas, et en démontra sans peine le ridicule et l’absurdité. Le brâhmane fut attéré et resta longtemps sans pouvoir proférer un seul mot. Enfin, il se leva et dit : « Aujourd’hui je suis vaincu ; je vous laisse libre de profiter de ma première convention (c’est-à-dire de me couper la tête).

— Nous autres enfants de Çâkya, lui dit le Maître de la loi, nous ne faisons jamais de mal aux hommes. Aujourd’hui, je me borne à vous prendre à mon service comme un esclave soumis à toutes mes volontés. »

Le brâhmane fut transporté de joie et le suivit avec respect. Il ne put s’empêcher de louer avec enthousiasme tout ce qu’il venait d’entendre.