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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

Le brâhmane, qui depuis longtemps avait entendu parler de la réputation du Maître de la loi, fut rempli de confusion et n’osa pas discuter avec lui.

Le Maître de la loi le fit entrer, le mit en présence du maître Kiaï-hien (Çilabhadra) et pria les autres religieux de lui servir de témoins, pendant qu’il discuterait avec lui et réfuterait ses principes. Alors, parcourant dès l’origine les opinions des diverses écoles des hérétiques, il s’exprima ainsi : « Les hérétiques Pou-to (Bhoûtas), les Li-hi (Nirgranthas), les Leou-man (Kâpâlikas) et les TchoU’tching’kia (Djouṭikas ?) portent des vêtements différents. Les Sou-Aan-’waî’tao (les Sàmkhyikas) et les Ching-lan-waî-lao (les Vâiçêchikas) ont établi des principes opposés. Les Pou-to (Bhoutas) se frottent le corps avec de la cendre, s’imaginant accomplir un acte d’un grand mérite. Toute leur peau est d’un blanc livide, comme celle d’un chat qui aurait couché dans une cheminée. Les Li-hi (Nirgranlhas) croient se distinguer en laissant leur corps nu, et se font une vertu d’arracher leurs cheveux. Leur peau est toute fendue et leurs pieds sont calleux et gercés ; on dirait de ces arbres pourris qui sont près des rivières. Les Leou-man (Kâpâlikas) se font des chapelets avec des ossements de crânes, en ornent leur tête et les suspendent à leur cou ; ils habitent le creux des rochers, semblables aux Yo-tcha (Yakchas) « démons » qui hantent les tombeaux. Quant aux Tching-kia[1], ils portent des vêtements souillés d’ordures et dévorent des mets pourris et des viandes corrompues.

  1. Plus haut, ces hérétiques sont appelés Tchou-tching-kia.