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LIVRE QUATRIÈME.

instruction médiocre et une intelligence ordinaire, il ne peut manquer de leur tenir tête et de les vaincre. Je vous supplie donc, vénérables maîtres, de ne plus vous tourmenter à ce sujet ; mais, si par hasard il éprouvait une défaite, dès ce moment le religieux de la Chine ne prendrait plus part à de semblables discussions. »

Ces paroles remplirent de joie les trois religieux.

Peu après, le roi Kiaî-ji (Çilâditya) adressa à Çilabhadra une nouvelle lettre où il disait : « Avant hier, je vous avais demandé plusieurs religieux d’un grand mérite ; pour le moment, il ne faut pas qu’ils partent. Plus tard, je les prierai de se mettre en route. »

À cette époque, il y eut encore un hérétique de la secte appelée Chun-chi (la secte des Lôkâyatas) qui vint pour discuter sur les points difficiles. Il écrivit un abrégé de sa doctrine en quarante articles et le suspendit à la porte du couvent. « Si quelqu’un, dit-il, peut en réfuter un seul article, je lui donne ma tête à couper pour reconnaître sa victoire. »

Quelques jours s’étant écoulés sans que personne eût répondu à cette insolente provocation, le Maître de la loi envoya un homme pur (un religieux) de l’intérieur du couvent, avec ordre de détacher cet écrit. Il le prit, le déchira et le foula aux pieds. Le Po-lo-men (brâhmane)[1] entra en fureur et lui dit : « Qui êtes-vous ? »

— « Je suis, répondit le Maître de la loi, l’esclave Mo’ho-ye-na-ti’po (Mahâyânadêva). »

  1. C’est-à-dire le brahmane de l’école des Lôkâyatas qui provoquait le religieux.[illisible]