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est affecté[1], et l’on ne doit pas se dissimuler que les secours propres à faciliter ce rapprochement ne soient encore très-insuffisants. Il ne manque pas de nomenclatures théologiques[2] où la valeur des mots Fan est indiquée ; mais elles sont loin d’offrir une synonymie complète pour le nombre, satisfaisante pour les explications. »

  1. Il ne suffit pas de connaître le sens affecté au mot indien qu’on rencontre et qu’on veut écrire correctement, il faut encore 1o que ce mol soit complet et fidèlement transcrit ; car, par exemple, l’expression Che-wang 闍王 « le roi Che » qu’on rencontre souvent, ne conduirait pas à Adjâtaçatrou, ni Che-li 闍黎 à Atchâryya « un maître » ; 2o de plus, comme le sens affecté à un mot peut être général ou littéral, il faut connaître sa véritable signification ; par exemple, les mots Fong-te 豐德 « vertu florissante » ne serviraient de rien pour découvrir dans la leçon tronquée et corrompue Che-weï 舍衛 forme correcte Çrâvastî (nom de royaume), dont le sens littéral est « (où) l’on écoute », et qui doit être écrite Chi-lo-fa-si-ti 室羅筏悉底.
  2. J’ignore absolument de quelles nomenclatures M. L. veut parler, car je n’en connais aucune de ce genre dans la collection chinoise de la Bibliothèque impériale, aujourd’hui la plus riche de l’Europe. Le Vocabulaire pentaglotte, le seul qu’on puisse appeler une nomenclature théologique, ne saurait donner la transcription sanskrite des mots indiens exprimés phonétiquement par Fa-hien et Hiouen-thsang, et encore moins des mots Fan que ces deux auteurs se sont contentés de présenter sous leur forme chinoise. En second lieu, comme la langue sanskrite possède souvent plusieurs synonymes pour exprimer la même idée, et que, d’ailleurs, ces mots sont traduits tantôt littéralement, tantôt d’une manière générale, il est presque impossible (à moins de recourir aux moyens et aux procédés que nous exposerons plus bas) de remonter, dans le plus grand nombre de cas, au mot sacramentel que l’auteur avait en vue.