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LIVRE QUATRIÈME.

regarda dans le lointain, au delà du couvent. Il vit un faste incendie qui dévorait les villages et les villes, et les eut bientôt réduits en cendres. « Bientôt, lui dit le personnage de couleur d’or, vous reviendrez dans cet endroit. Dans dix ans d’ici, le roi Kiaî-ji (Çilâditya) doit nourir. L’Inde entière sera en proie à des troubles affreux et des hommes pervers se feront une guerre acharnée. Souvenez-vous bien de mes paroles. » Âpres avoir achevé ces mots, il disparut.

À son réveil, le Maître de la loi fut rempli d’étonnement et d’émotion ; il alla trouver Ching-kiun (Djayaséna) et lui fit part du songe qu’il avait eu.

« Les trois mondes, lui dit Ching-kiun (Djayasâna), sont loin de jouir de la paix ; il est probable que cette prédiction s’accomplira. Puisque vous avez reçu cet avertissement, c’est à vous de prendre vos mesures. »

Il reconnut par là, que, dans toutes leurs actions, les grands sages sont protégés par les Pou-sa (les Bôdhisatvas). Ayant l’intention de partir pour l’Inde, il resta pour en donner avis à Kiaï-hien (Çîlabhadra). Comme il prolongeait son séjour et ne se pressait pas de s’en retourner, (Mandjouçri), pour l’y décider, lui annonça la mort prochaine (du roi Çilâditya). Or, si la conduite du Maître de la loi) n’eut pas été d’accord avec les sentiments du Saint (de Mañdjouçri), comment aurait-il pu avoir ce songe ?

À la fin de la période Yong-hoeï (650), le roi Kiaï-ji Çilâditya) mourut en effet, et, conformément à la prédiction, l’Inde fut en proie aux horreurs de la famine.