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eût fait le désespoir des savants et les aurait privés, en grande partie, des fruits qu’ils avaient droit d’attendre d’une aussi importante publication.

Ce n’est pas tout, une multitude considérable de noms indiens n’étaient exprimés que par leur traduction chinoise, à l’aide de laquelle, eût-on été le plus habile indianiste, on n’aurait presque jamais su remonter aux termes sacramentels qui y correspondaient dans l’esprit de l’auteur. La raison en est facile à comprendre : c’est que, dans ce cas, le mot chinois du texte peut être rendu de différentes manières en sanskrit lors même qu’il est littéral ; et lorsqu’on s’est contenté d’en donner l’idée générale, la restitution en est impossible. C’est ce que nous montrerons plus bas par des exemples clairs et décisifs.

Je me félicite moi-même de m’être arrêté à temps, lorsque, vers 1889, cédant à un entraî-

    Dharmagouptas « les gardiens de la Loi » ; il y voit le mot Tamoghna « destructeur de l’obscurité » ;

    2o Dans Sa-p’o-to (lisez les Sarvâstitâdas « ceux qui affirment l’existence de toutes choses »), il voit « la somme ou les préceptes des lectures d’Oupâli » ;

    3o Dans Kia-ye-i (lisez les Kâçyapîyas, ou « sectateurs de Kâçyapa »), il voit « la contemplation du double Vide » ;

    4o Dans Mi-cha-sai, il n’a pas su lire les Mahîçâsakas « ceux qui convertissent le monde » ;

    5o Et dans P’o-ts’o-fou-lo, les Vâtsîpouttrîyas, ou « les sectateurs de celui qui, suivant une légende, était né d’un veau » (de vatsa « veau » et de pouttra « fils »).