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VIE ET VOYAGES DE HIOUEN-THSANG.

hommages, de recevoir le Yu-kia-sse-t’i-lun (Yôgâtchâryya bhoûmi çâstra), d’entendre expliquer la Loi excellente [Saddharma), et d’arriver à l’Intelligence accomplie (à l’état de Bouddha) ; puis de redescendre et renaître sur la terre pour instruire et convertir ces hommes, leur faire pratiquer des actes de vertu supérieure et abandonner leur infâme profession ; et enfin de répandre au loin tous les bienfaits de la Loi, et de procurer la paix et le bonheur à toutes les créatures. Alors il adora les Bouddhas des dix contrées du monde, s’assit dans l’attitude de la méditation et attacha énergiquement ses pensées sur Ts’e-chi (Mâitrêya bôdhisattva) y sans laisser poindre aucune idée étrangère.

Tout à coup, au fond de son âme ravie, il lui sembla qu’il s’élevait jusqu’au mont Soumérou, et qu’après avoir franchi un, deux et trois cieux, il voyait, dans le palais des Touchitas, le vénérable Mâitrêya assis sur un trône resplendissant, et entouré d’une multitude de Dévas. Dans ce moment, il nageait dans la joie, de corps et d’âme, sans savoir qu’il était près de l’autel, sans songer aux pirates altérés de son sang. Mais ses compagnons s’abandonnaient aux cris et aux larmes, lorsque soudain un vent furieux s’élève de tous côtés, brise les arbres, fait voler le sable en tourbillons, soulève les flots du fleuve et engloutit tous les bateaux. Les pirates sont saisis de terreur, et interrogeant les compagnons d’Hiouen-thsang, « D’où vient ce religieux et quel est son nom, » leur demandèrent-ils.

C’est, répondirent-ils, un religieux renommé